À côté de chaque édifice en chantier, une deuxième construction prend place : celle de structures temporaires qui fournissent un minimum d'abri, d'hygiène et d'espace de stockage aux travailleurs. C'est à ces « bases vie », préfabriqués, bungalows, caravanes, vestiaires, groupes électrogènes, conteneurs, que s'intéresse « Cité seconde ». Ces vastes bâtiments modulaires sont destinés au démontage sitôt les travaux terminés ; entre-temps, ils finissent par intégrer leur environnement (ballet des ouvriers et des cadres, modification des flux de piétons et de véhicules, graffitis et tags). Cette série rend compte de la rencontre entre une architecture subalterne, purement standardisée, et un cadre urbain qui finit par l'englober. Elle mélange clichés pris sur place et patrons géométriques issus de photomontages : ces plans de maquettes reprennent les codes des logiciels d'aménagement 3D, mélangeant photographies, images de synthèse et fonds libres de droits inspirés de matériaux trouvés sur place. L'obscure moitié de la ville, vouée à l'invisibilité puis à l'oubli, ne cesse de se rappeler à notre souvenir.