Le golf est un jardin ; il privatise l’espace et le reconfigure pour l’agrément de ses visiteurs. Là où le jardin classique se construisait autour du regard, ce sont des considérations réglementaires et ludiques qui façonnent le green : hauteur de l’herbe, configuration du sable, du relief, des bosquets et des plans d’eaux. « Vert de green » propose de sortir d’une conception paysagiste de l’espace pour dresser une grammaire visuelle du green de golf, un catalogue d'obstacles disposés stratégiquement dans une étendue stérile. Pour ce faire, une double décontextualisation est opérée : clichés d’ensemble monochromes contre détails des textures en couleur, profondeur de champ minimale pour isoler les aménagements du paysage. Capturées avec une chambre photographique construite pour l’occasion, ces images font cohabiter l’extrême douceur d’une optique très grand format avec le numérique bruité d’un scanner transformé en capteur improvisé. Bricolées et anachroniques, exclusives mais appauvries, datées mais s’accrochant à un futur qui n’arrivera pas – comme leur objet. Au cœur du désert il ne reste plus que le Golf. Remerciements tout particuliers à la Ville de Savigneux (Loire) sans qui cette série n’aurait pu voir le jour, ainsi qu’au Scanner Photography Project de Michael Golembewski.